Palestine : ce qui est sur le point de changer

Depuis le 7 octobre, Israël s'est engagé dans un massacre effroyable sur la Bande de Gaza. Pourtant, l'offensive qui se prépare contre Rafah pourrait faire passer ces quatre derniers mois comme des petites escarmouches préparant le réel génocide des palestiniens de Gaza. Retour sur quelques éléments.

Depuis le début de l'offensive israélienne, les discours de tous les dirigeants ont été clairs : il s'agit d'en finir avec la présence palestinienne à Gaza. Sous le prétexte du "droit à se défendre" en premier lieu, un tapis de bombes, puis une intervention au sol ont frappé l'enclave palestinienne. En parallèle, un véritable siège a été organisé, les occupants ayant bloqué les arrivées d'eau, de gaz, d'électricité, fermé les checkpoints, interdit les convois humanitaires y compris de nourriture et de médicaments, et même coupé internet dans l'espoir de pouvoir enterrer Gaza sous les bombes en silence, ainsi que de faire mourir de faim, de soif et de maladie ceux que les bombes auraient épargné.

Depuis le début, les civils palestiniens sont les cibles et non des victimes collatérales.

Rappelons les chiffres approximatifs actuels : 30.000 morts dont 13.000 enfants, 7.000 femmes, 59.000 blessés, 8.000 disparus, 93% des palestiniens de Gaza déclarés en situation d'insécurité alimentaire, 21 hôpitaux sur 36 entièrement détruits...

Quoi qu'en dise Israël, sa cible n'est pas "Le Hamas", ni même "La Résistance" ou "Les terroristes" mais bien la société palestinienne elle-même.

Dès les premières semaines de l'offensive, un plan de déportation massive des plus de 2 millions de gazaouis dans le Sinaï a été mis sur la table par le gouvernement israélien.

L'objectif des sionistes est de complètement détruire cette zone en tant que territoire palestinien, de détruire la société qui y existe et d'en recueillir des morceaux pour les garder de façon contrôlée ailleurs et les y faire mourir à petit feu, à l'image des réserves amérindiennes aux USA.

Cela laisserait seule la Cisjordanie, déjà largement entamée par les colonies illégales, dirigée par l'Autorité Palestinienne collaborant avec Israël, et où la résistance a accumulé moins de forces, qui serait donc prise à elle seule une proie facile pour Israël.

C'est donc bien la destruction totale de la Palestine en tant que territoire, nation et société qui est une des visées stratégiques de l'État sioniste.

C'est pourquoi les massacres de civils ne sont pas un effet mais bien l'un des buts de cette guerre unilatérale.

Ces éléments mentionnés ici ne sont pas nouveaux, ils sont connus et dénoncés depuis des semaines. Ils ont servi de base à la Cour de Justice Internationale (CIJ) pour demander l'ouverture d'une enquête de génocide sur l'opération en cours, avec 4 critères génocidaires relevés :

  • Le meurtre
  • L'atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale
  • La soumission à des conditions d'existence susceptibles d'impliquer la destruction totale ou partielle
  • L'entrave des naissances

Depuis des mois, les peuples et les travailleurs du monde entier se soulèvent contre la barbarie coloniale que subit le peuple palestinien, pour demander cessez-le-feu immédiat et permanent, fin de l'apartheid et de la colonisation, droit à l'autodétermination, au retour des réfugiés, libération des prisonniers, etc.

Cette mobilisation assure une pression sur les Etats impérialistes qui soutiennent la colonisation et l'occupation des territoires palestiniens pour des raisons commerciales et géostratégiques. Elle est d'une importance primordiale, la solidarité restant l'arme la plus forte des travailleurs et des peuples du monde.

Cependant la situation actuelle est peut-être en train de changer rapidement et doit être comprise.

Depuis le début de son offensive, Israël a organisé son assaut pour forcer un déplacement massif de population vers le Sud de la bande de Gaza.

Après des attaques sur Gaza City, Khan Younes, et d'autres localités plus petites, le commandement militaire estime ces zones "pacifiées" et veut maintenant s'en prendre à Rafah.

Ce qu'il est important de comprendre, c'est que la population de Rafah est passée de 250.000 personnes avant le 7 octobre à plus de 1.500.000 actuellement.

Rafah se tient acculée, au Sud de la bande de Gaza, sur la frontière avec l'Égypte.

En cas d'attaque actuelle, les civils n'auront nulle part où aller. La ville est tellement surpeuplée qu'elle est devenue l'actuelle zone la plus densément peuplée du monde. Amnesty International a rapporté des images satellites où les camps de fortune créés ces dernières semaines sont largement visibles.

Tout bombardement, toute opération au sol serait une boucherie à même d'éclipser les 4 derniers mois.

Il est plus que jamais urgent de massifier les manifestations, de multiplier les actions, et de dénoncer haut et fort tous les "amis du peuple" qui adoptent encore comme position de renvoyer dos à dos palestiniens et israéliens.

De nombreux diplomates et chefs d'États européens et américains, pourtant alliés d'Israël, ont pris position en affirmant que dans les conditions actuelles, ils ne soutiendraient pas une opération militaire contre Rafah. C'est bien grâce à la mobilisation mondiale, à la colère et l'indignation des millions de travailleurs et de jeunes faisant pression sur leurs gouvernements, sur leurs classes bourgeoises que ces reculs diplomatiques ont lieu.

Mais nous ne devons en aucun cas être dupes. Les seuls désaccords entre USA, France, Grande Bretagne, etc. et Israël sont sur des questions tactiques, et non sur des questions de principe, ni même sur la stratégie sioniste de démantèlement de la société palestinienne.

Actuellement, divers "plans de déplacement" ont été évoqués par le gouvernement Israélien. A ce stade rien n'est clair, mais Netanyahu a par exemple évoqué la possibilité de créer "dix villes de tentes" où déporter les civils enfermés dans Rafah.

Soyons clairs : tout déplacement massif de population, toute création de camps même provisoire, sera inscrit dans une stratégie de fragmentation puis de mort progressive de la société palestinienne. Il s'agirait en réalité du plus grand plan de déportation de population du 21e siècle.

Il est donc plus que jamais l'heure d'agir, l'heure d'amplifier le mouvement de solidarité avec la Palestine, de s'opposer à toute participation de l'État et des entreprises françaises à la colonisation et la boucherie en cours.

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