Les leaders des Démocrates Socialistes approuvent le budget militaire record de Trump
- Le 29/07/2019
- Dans International
La chambre des représentants vient d'approuver le nouveau budget du gouvernement Trump, qui porte les dépenses militaires au niveau record de 738 milliards. Les démocrates l'ont approuvé à 219 pour et 16 contre alors que les républicains ont voté à 132 contre - 65 pour. Au total le résultat est un large accord à 284 pour - 149 contre. Le budget doit encore passer par le Sénat qui s'est déjà prononcé dans la presse en sa faveur.
Cette augmentation supplémentaire des dépenses militaire est un budget de guerre et de pillage impérialiste, c'est le budget de la guerre contre l'Iran, le Venezuela, la République Démocratique de Corée, pour l'encerclement de la russie et l'aggravation des tensions inter-impérialistes. C'est un budget qui est à la hauteur des ambitions de l'impérialisme nord-américain, et pourtant les leaders des Démocrates Socialistes d'Amérique comme Rashida Tlaib et Alexandra Ocasio-Cortez l'ont voté. Ils montrent le réel contenu de classe de leur mouvement : une gestion différente du capitalisme qui ne remet en cause aucun de ses aspects fondamentaux : la guerre, le chômage et l'exploitation.
Ce courant politique apparenté à la "gauche radicale" a véhiculé de nombreuses illusion jusque parmi les travailleurs conscients dans notre pays. Les noms de Bernie Sanders et d'Alexandrea Ocasio-Cortez sont connus en France de nombreux militants qui aspirent à une vie meilleure, à un monde débarassé des guerres, du chômage et de l'exploitation, et qui voient d'un bon oeil tous les développements positifs du mouvement ouvrier au sein de la première puissance impérialiste du monde, les États-Unis. Pour beaucoup qui comprennent que le système impérialiste mondial est une chaine dans lesquels les pays sont imbriqués les uns et les autres, il est clair qu'affaiblir l'impérialisme Nord Américain, encore le plus puissant de la planète, c'est affaiblir tout le système et faciliter son renversement total.
Avec cette analyse et pour la raison que cet impérialisme est si puissant, si ancré dans la société nord américaine, nombreux sont les discours positifs envers le mouvement Démocrate Socialiste, certes présenté comme insuffisant, mais montré comme un "premier pas encourageant", pouvant mener à un réveil des consciences. En particulier, l'anti-communisme historiquement très fort et très implanté dans la société nord-américaine est un argument souvent avancé pour "excuser" la conception du Socialisme Démocratique construite en opposition à la dictature du prolétariat, le refus par ses partisans de l'héritage du socialisme réel notamment en URSS, et au final pour accepter de colporter les calomnies anti-communistes de la bourgeoisie et toutes les déformations de l'histoire qui l'accompagnent. Cet argument voit l'évolution des luttes de la classe ouvrière d'un pays, de sa conscience et de son degré d'organisation comme un procédé mécanique, qui passe des niveaux tous qualitativement les mêmes : les travailleurs seraient "juste" plus ou moins organisés, plus ou moins combattifs, plus ou moins conscients.
Avec ce raisonnement, toute évolution dans un sens positif d'un de ces aspects est à soutenir. Mais la réalité est qu'il y a une différence fondamentale entre le fait que la classe ouvrière s'organise au sein d'un parti communiste organisé selon des principes marxistes-léninistes et luttant avec fermeté contre le capitalisme et les guerres, contre l'opportunisme et la pression idéologique de la bourgeoisie, et le fait que la classe ouvrière s'organise dans un parti social-démocrate qui l'entraîne dans la concilliation avec le capital et qui lui fait accepter le cadre des institutions capitalistes comme seul horizon à ses luttes, la démobilise des combats de classe et l'amène vers des fausses solutions électoralistes. Ce n'est pas pour rien qu'une nouvelle social-démocratie plus "radicale" dans les paroles se réactive aux États-Unis : des mobilisations se développent dans la restauration rapide, chez les enseignants, contre les violences policières, ... Avec toutes leurs limites, elles expriment une volonté en développement parmi les masses, de sortir de la résignation et d'agir. Et récupérant immédiatement ces aspirations et en leur proposant des débouchés stériles sous couvert de grands discours, cette nouvelle social-démocratie désarme les luttes, les fait échouer et les précipite à moyen terme dans les bras du fascisme.
Le processus historique qui conduit la classe ouvrière et des larges portions des masses jusqu'à l'action révolutionnaire, au renversement du capitalisme et à la construction de la société nouvelle socialiste-communiste ne peut être résumé à une simple montée en puissance des luttes. Quand bien même le développement du capitalisme s'accompagne du développement des forces sociales qui ont intérêt à son renversement, ce processus nécessite une action consciente et organisée pour triompher : peu importe les formes que peuvent prendre la révolution, elle ne peut pas vaincre sans un parti communiste ancré parmi les travailleurs et les masses pour la guider.
L'expérience de la construction du socialisme réel au XXe siècle puis de sa destruction montre également que des retours en arrière sont possibles, même si le système impérialiste mondial n'offre aucune autre alternative que la révolution socialiste. Ainsi on doit réfléchir la lutte contre le capitalisme comme une lutte sinueuse, qui peut connaître des avancées et des reculs, au cours de laquelle parfois un pas un avant entraine trois pas en arrière. Les partis socio-démocrates tendent en permanence ce piège à la classe ouvrière en abandonnant systématiquement le combat de fond pour le renversement du capitalisme pour obtenir des petites avancées. Dans la période de recul cela ne se traduit même pas par des gains de droits, mais par des pertes moins importantes : les socio-démocrates n'ont même plus de miettes à proposer, tout ce qu'ils offrent maintenant, c'est de se faire un peu moins voler !
Au lieu de cela, la position des communistes a toujours été de lutter avec détermination dans tous les secteurs de la vie (au travail, dans les études, dans le quartier, ..) pour des améliorations immédiates, tout en liant ce combat à la lutte pour le renversement final du système. L'une des luttes les plus fondamentales concerne la guerre, qui depuis plus de cent ans est l'un des produits les plus abjects du capitalisme, un moyen pour les grands bourgeois de redistribuer les cartes entre eux, et de temporairement noyer la colère populaire dans le sang.
Le vote du budget par les tenants du socialisme-démocratique montre qu'ils ne s'opposent pas aux fondamentaux de l'impérialisme nord-américain. Ils montrent que leur utilité politique se situe du côté de la bourgeoisie, afin d'alimenter un faux débat sur les différentes façons de gérer le capitalisme aux USA, et de le détourner du débat principal : dire qu'il est possible de créer une autre société dirigée par les travailleurs, dans laquelle la planification centralisée de l'économie permet de la recentrer sur la satisfaction de tous les besoins sociaux, et d'éliminer le chômage, la misère, les guerres et l'exploitation ! Il faut noter que la majorité (16 sur 19) des oppositions au budget qui viennent du parti démocrate ne viennent pas de son aile gauche mais de son aile droite, pour des raisons proches des nombreuses oppositions (132) venant des républicains : la partie du budget allouée aux aides sociales serait trop importante !
Aucun aspect du débat n'a remis en cause la guerre et l'impérialisme US en eux mêmes. Cela nous montre que malgré les discours "radicaux", les démocrates socialistes ne contribuent pas de façon positive à la lutte de la classe ouvrière américaine. Nous ne pouvons pas soutenir pareil parti, qui par ailleurs n'en est pas à son coup d'essai (Bernie Sanders avait approuvé la résolution provocatrice du Congrès déclarant Jérusalem comme la capitale éternelle d'Israel et y déplaçant l'ambassade US, par exemple). Notre rôle d'internationalistes n'est pas de soutenir aveuglément tout ceux qui prétendent lutter aux côtés des travailleurs dans les autres pays, mais au contraire de dénoncer ceux qui prétendent le faire tout en se faisant la béquille de l'impérialisme nord américain.
Le socialisme démocratique n'est pas une alternative au capitalisme, c'est une alternative au socialisme-communisme !
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