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LÉGALISATION DE L’IVG EN ARGENTINE : UNE VICTOIRE QUI DOIT EN APPELER D’AUTRES !

Communiqué de nos camarades des Jeunes Communistes du Bas-Rhin

Depuis le 30 décembre 2020, à l’issue du vote favorable du Sénat, l’interruption volontaire de grossesse est enfin légale en Argentine. Ce pays devient ainsi le troisième en Amérique latine où le droit à l’avortement est reconnu par la loi, après Cuba (depuis 1965) et l’Uruguay (depuis 2012).

C’est un résultat historique obtenu après de longues années d’organisation et de mobilisations de masse en faveur de la légalisation, connues sous le nom de « Marée verte » et regroupant de nombreuses organisations féministes, sociales et de classe. Son succès démontre une fois de plus que seule la lutte de front paie. Comme le déclarent nos camarades de La Fede - Federación Juvenil Comunista de la Argentina : « Aujourd'hui se matérialise la synthèse de nombreuses années de lutte du mouvement féministe. Dans cette lutte, nous communistes, à chaque étape de notre histoire, avons mis tout notre corps et toute notre force pour garantir le droit de décider ». De même, le Partido Comunista de la Argentina a tenu à saluer cette victoire comme étant « le résultat d'années de lutte qui nous avons soutenu et qui se heurte directement au noyau le plus dur du conservatisme néocolonial omniprésent dans notre région et dans le monde ».

Selon la législation basée sur le Code pénal de 1921, en Argentine l'avortement était encore considéré comme une infraction pénale et donc passible d'une peine d'emprisonnement. Une situation qui a contraint les femmes à recourir à l'avortement dans la clandestinité, risquant ainsi la vie et la prison. Ce sont avant tout les femmes des classes populaires qui ont subi les ravages de la criminalisation de l’avortement : n'ayant pas les moyens de se payer des cliniques privées, elles ont été contraintes d'avorter dans les situations les plus précaires, augmentant exponentiellement les risques. C’est ainsi que la Marée verte a adopté immédiatement un slogan de classe : « Les femmes riches avortent, les femmes pauvres meurent », ce qui souligne à quel point la légalisation de l’IVG n'est pas seulement un droit civil mais aussi profondément un acte de justice sociale.

La loi approuvée récemment, en revanche, garantira le droit à un avortement légal, gratuit et sûr jusqu'à la 14e semaine de gestation. Cependant, la nouvelle loi n’a pas répondu à toutes les attentes et revendications du mouvement social, et risque ainsi d'empêcher l'exercice effectif du droit à l'avortement dans de nombreuses régions du pays, notamment les plus conservatrices. En effet, la possibilité d'objection de conscience est également prévue par la loi, non seulement pour le personnel sanitaire et non sanitaire, mais aussi pour les établissements de santé. Ce qui signifie concrètement que de nombreux hôpitaux, en particulier ceux privés et/ou proches de l'Église catholique, pourront se déclarer objecteurs et ne seront pas tenus de garantir l'exercice du droit à l’IVG. Les franges réactionnaires de la bourgeoisie argentine tentent déjà de s’organiser pour vider la loi de toute applicabilité : la prolifération d’associations « pro-vie » (Mujeres de las villas), ayant reçu le soutien de la Conférence épiscopale argentine et même du Pape, a pour but de réaffirmer le dogme religieux assimilant l’avortement à l’homicide et ainsi nier à des millions de femmes le droit de disposer de leurs corps.

La victoire d’aujourd’hui appelle alors à maintenir la plus ferme vigilance et à poursuivre le combat. La légalisation formelle n'est que la première étape de l'exercice substantiel d'un droit. Ainsi, la lutte pour le droit à un avortement libre et sécurisé ne peut se terminer, en Argentine comme ailleurs, par l'approbation d'une loi : elle doit à continuer au jour le jour contre l'objection de conscience, l'obscurantisme religieux et tout autre obstacle de classe qui empêcherait ce droit d'être effectivement garanti. La lutte ne s’arrêtera pas tant que les présupposés mêmes du capitalisme-patriarcat ne seront détruits, par la révolution et l’avènement d’une société de justice et d’égalité réelles : le socialisme-communisme.

émancipation de la femme Argentine

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