Face aux réécritures de la bourgeoisie, défendons notre histoire !
- Le 09/05/2019
Le 8 mai , pour notre classe, est autant une date de victoire que de deuil. Victoire car elle a vu en 1945 la défaite historique du fascisme exprimé sous sa forme la plus barbare: le nazisme. Cette défaite fut largement infligée par les forces du mouvement ouvrier international, en premier lieu les partisans communistes et l'Armée rouge.
Deuil, car ce même jour l'armée coloniale française réprima dans le sang les manifestations du peuple algérien, qui, encouragée par la chute du nazi-fascisme, défilait aux cris de "Vive l'Algérie libre et indépendante”. Les jours suivants, le régime colonialiste procéda à des massacres systématiques dans les régions de Sétif, Guelma et Kherrata. Plus de 45 000 algériens, principalement des ouvriers, dont de nombreux syndiqués à la CGT, et des paysans pauvres ; furent massacrés. Ce crime infâme montre que la bourgeoisie ne saurait s'approprier la Victoire antifasciste du 8 mai 1945.
Pourtant, les médias bourgeois et l'Education nationale nous serinent que cette victoire fut celle des "Alliés" et, dans le cas de la France, de "tous les patriotes". Pire encore, ils essaient de faire croire que les communistes ont collaboré avec les nazis. Ces calomnies et cette réecriture de l'Histoire sont destinées à faire oublier qui lutta réellement contre le fascisme, et qui l’a créé, entretenu et soutenu.
Ainsi, le 29 septembre 1938, ce sont les bourgeoisies "démocratiques", la France de Daladier et le Royaume-Uni de Chamberlain, qui livrèrent la Tchécoslovaquie au Reich de Hitler. Ils espéraient précipiter la machine de guerre nazie contre l'URSS, et détruire le seul État ouvrier au monde, afin d'affaiblir leurs classes ouvrières respectives qui montraient des signes inquiétants de combativité. Les honteux accords de Munich comportaient aussi des clauses secrètes de collaboration économique, et, plus grave, de collaboration policière entre la France et l'Allemagne. La Gestapo put ainsi traquer les antifascistes allemands en toute sérénité sur le territoire français.
L'URSS quant à elle, de 1934 à 1939, ne cessa de proposer une alliance antifasciste avec les démocraties bourgeoises. Cette politique fut enterrée lorsque les Soviétiques apprirent que les Britanniques, par l'intermédiaire de Charles Roden Buxton, du Labour Party, négociaient avec l'Allemagne nazie. Ainsi, de juin à août 1939 se tinrent des pourparlers secrets anglo-allemands au cours desquels, en échange du respect de l'intégrité de l'Empire britannique, les Anglais promettent à Hitler la liberté d'action à l'Est.
Un nouveau Munich se prépare. L'URSS prend la décision de signer un pacte de non-agression afin de retarder l'invasion. Ce pacte sert de prétexte au gouvernement de Daladier pour interdire le PCF. Le Parti Communiste est, à ce moment-là, le seul en France à lutter contre Franco: il envoie aide et combattants en Espagne, et organise sur le territoire français la solidarité avec les réfugiés républicains espagnols, alors traqués par la police de Daladier et parqués dans des camps. Ce dernier, qui prétendait pourtant lutter contre le fascisme, avait d'ailleurs pris cet engagement devant l'ambassadeur nazi un mois plus tôt. Le Reich félicite alors la République française par le biais de son ambassadeur... de concert avec l'Internationale socialiste, qui par la voix de Léon Blum, déclare : "Je ne pense pas que notre Parti verra un inconvénient à l'interdiction du Parti communiste..."
Le 9 avril 1940, le ministre de l'Intérieur SFIO (Parti socialiste) Albert Sérol promulgue un décret-loi qui sanctionne de la peine de mort le fait de contribuer à la diffusion de la propagande communiste.
Les communistes dénoncent la farce qu'est la "drôle de la guerre" : après avoir tout fait pour renforcer le Reich nazi, la bourgeoisie française rejoue la comédie de "l'Union sacrée" pour mieux démobiliser la classe ouvrière française et imposer une dictature fasciste. Pour la bourgeoisie, cette guerre ne revêt pas d'enjeux particuliers : l'Allemagne a garanti l'intégrité de l'Empire colonial français.
Ainsi, alors que l'armée française, du fait de l'incompétence de son état-major français et du sabotage volontaire de la bourgeoisie, est en pleine débâcle, le Parti communiste français est le seul Parti à prendre résolument la cause de la défense du territoire national. Le 10 mai 1940, Benoît Frachon, alors membre du bureau politique du PCF et secrétaire général de la CGTU, par l'intermédiaire du philosophe communiste Georges Politzer, exige du gouvernement la levée de l'interdiction du PCF et de la CGTU ainsi que l'armement des travailleurs de Paris afin de défendre la capitale. L'ensemble des partis bourgeois choisit le repli vers Bordeaux, en un mot, la défaite.
Le 17 juin 1940, un jour avant l'appel de Londres de Charles de Gaulle, le dirigeant communiste Charles Tillon appelle à la Résistance contre l'occupant. Après quelques tâtonnements, l'appareil du Parti devant se réorganiser dans les conditions de la clandestinité, un mot d'ordre clair est émis dès la fin du mois d'août: "Chassons l'envahisseur!" L'illusion sur une possible fraternisation imminente entre travailleurs français et soldats allemands est abandonnée. Le 11 novembre 1940, l'Union des Etudiants Communistes (UEC) de Paris appelle à participer à la première manifestation patriotique et antifasciste organisée depuis la débâcle. Dès décembre 1940, le PCF appelle à la constitution d'un "Front national pour la liberté et l'indépendance de la France", regroupant tous les antifascistes et patriotes sous la direction de la classe ouvrière.
La résistance ouvrière commence dès lors à s'organiser et à acquérir un caractère de masse : en mai 1941, l'héroïque grève des mineurs du bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais est sévèrement réprimée par l'occupant nazi. L'invasion de l'URSS par le IIIème Reich accélère l'entrée dans la lutte armée du PCF. C'est durant l'été 1941 que sont formés les premières unités combattantes de la Résistance intérieure, les Francs-Tireurs et Partisans (FTP). La Jeunesse Communiste (JC) est à l'avant-garde de la lutte armée, au sein des "Bataillons de la Jeunesse".
Le premier acte de résistance armée de toute la Résistance est ainsi l'assassinat d'un officier allemand par le jeune communiste Pierre Georges, alias Colonel Fabien, le 21 août 1941.
Durant toute l'occupation, le Parti et la classe ouvrière furent le cœur de la Résistance intérieure : sabotages, attentats, constitution de maquis, secours aux réfugiés antifascistes, aux Juifs, Tsiganes... Ainsi, sans l'action héroïque des cheminots organisés au sein de leur fédération CGT, ni le débarquement de Normandie, ni l'insurrection de Paris n'auraient été possibles.
Ce rôle d'avant-garde fut reconnu par l'ensemble des couches populaires : en 1946, le PCF frôle ainsi les 29% aux élections législatives. La classe ouvrière, consciente de sa force, se syndique massivement dans la CGT (5 millions d'adhérents en 1945) et arrache de grandes conquêtes comme la Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, le droit de vote des femmes...
Mais cet héroïsme ne fut pas propre à la classe ouvrière française, mais à l'ensemble de la classe ouvrière mondiale, qui entraîna derrière elle les peuples opprimés. Ainsi de la France à la Corée, en passant par l'Italie, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, l'Albanie, la Grèce, la Chine, le Vietnam, le Laos, l'Indonésie... les partisans communistes constituèrent de larges fronts antifascistes dont ils furent l'avant-garde.
Dans le même temps, l'URSS fit le sacrifice de 27 millions de ses citoyens pour libérer l'Europe de la barbarie nazie, soit près d’un mort sur deux de la Seconde Guerre mondiale. Elle supporta pendant une grande partie de la guerre tout le poids de la machine de guerre allemande, les "alliés" occidentaux retardant jusqu'en 1943 l'ouverture d'un second front à l’Ouest, soit après que la défaite du régime nazi sur le front de l’Est soit devenue inévitable. La victoire de Stalingrad le 2 février 1943 fut perçue comme une lueur d’espoir dans les ténèbres de la tyrannie hitlérienne, et donna une vigueur nouvelle à tous les combattants de la paix, de la liberté et du socialisme. Le 27 janvier 1945, l'Armée rouge libère Auschwitz.
Bien que la bourgeoisie cherche aujourd'hui à travestir l’histoire, n’importe quel historien, y compris ceux de plus mauvaise foi, sont obligés de le reconnaître : sans l'URSS, le IIIème Reich n'aurait pas été défait. De même, la Résistance ouvrière est sans cesse minimisée voire oblitérée, effacée des commémorations officielles et des manuels scolaires.
Ainsi, dans toute l'Union Européenne et les pays satellites, c'est un véritable mémoricide qui s'opère : en Pologne, dans les Etats Baltes, en Hongrie, en Ukraine... les monuments aux morts en hommage aux partisans antifascistes et aux soldats de l'Armée rouge sont systématiquement détruits, au nom de la "lutte contre les jumeaux totalitaires", de la "décommunisation"... et les anciens collaborateurs nazis sont réhabilités, comme Stepan Bandera en Ukraine !
Sous prétexte de "décommunisation", l'UE ouvre en réalité la voie à la fascisation...
En effet, la mémoire ouvrière et communiste est insupportable pour la bourgeoisie. Elle lui rappelle sa propre collaboration avec la barbarie nazie, elle lui rappelle que ce sont bien les travailleurs qui défèrent le fascisme, que ce dernier est l'expression de la dictature terroriste des éléments les plus réactionnaires du Capital, que la lutte contre le fascisme est une lutte contre le capitalisme.
Car l'histoire de la Résistance antifasciste et ouvrière nous apprend que si le fascisme peut être défait, il ne peut être vaincu définitivement que si le pouvoir de ceux qui possèdent les moyens de production est renversé, que si l'Etat bourgeois est détruit et que se substitue à lui un authentique pouvoir populaire : le pouvoir ouvrier, le pouvoir de ceux qui produisent les richesses.
Car la dictature de la bourgeoisie, même sous sa forme "démocratique", est toujours fascisante. C'est le même appareil d'Etat qui collabora avec les nazis qui, après la Libération, et dès le premier jour de la Victoire antifasciste des peuples, réprima dans le sang les peuples opprimés qui secouèrent le joug de la barbarie coloniale : massacres de Sétif et Guelma, massacres en Indochine en 1946, massacres à Madagascar en 1947... Sans oublier la répression brutale du mouvement ouvrier français en 1947-48.
Aujourd'hui, les monopoles industriels et financiers européens utilisent leurs outils que sont l'UE, l'OTAN et les fascistes pour détruire nos conquis sociaux et nos libertés démocratiques, payés avec le sang de nos anciens. En Ukraine, ils financent des milices néo-nazies qui se battent sous la croix gammée, en Pologne et en Hongrie ils interdisent les partis communistes, en Grèce ils limitent le droit de grève et financent les néo-nazis d'Aube dorée, en Syrie et au Yémen ils soutiennent les fascistes salafistes...
La lutte antifasciste est ainsi indissociable de la lutte pour la dissolution des alliances impérialistes que sont l'UE et l'OTAN. Mais comme nous l'avons vu, la lutte antifasciste est indissociable de la lutte révolutionnaire pour le socialisme: avec nos camarades du Parti communiste de Grèce (KKE), à la longue expérience antifasciste, nous faisons le constat que la lutte antifasciste ne peut se mener sous le drapeau de la démocratie bourgeoise, mais uniquement sous celui de notre classe, sous le drapeau de la révolution socialiste et du pouvoir ouvrier et populaire.
Soyons dignes de notre Histoire, rendons hommage à nos innombrables camarades tombés sous les balles des barbares fascistes, combattons pour la Révolution et le Socialisme!