Vœux 2024 de la Jeunesse Communiste des Bouches-du-Rhône
- Le 04/02/2024
- Dans Actualité
Vendredi dernier, amis, camarades et sympathisants étaient présents pour célébrer nos voeux 2024 !
Un moment à la fois fraternel et un temps politique fort pour dresser le bilan des organisations de la jeunesse, du mouvement ouvrier à l'avant-garde en 2023 durant la lutte pour les retraites et l'implication et le rôle de la jeunesse communiste dans toutes les luttes comme celle en solidarité à la résistance palestinienne.
Une soirée réussie qui appelle à redoubler d'effort cette nouvelle année qui débute par une offensive des forces réactionnaires par la loi immigration raciste et fascisante divisant et précarisant notre classe, et le génocide à Gaza qui continue.
Nous partageons ci-dessous l'intervention de la JC 13 lors de notre événement :
« Chers camarades et amis,
Merci à vous d’être venus pour cette cérémonie des vœux.
Comme chaque année c’est l’occasion de se retrouver, de s’adresser nos souhaits de bonheur et de lutte, de partager un instant fraternel et d’introduire cette nouvelle année de lutte.
A ce titre, l'année 2023 a été intense. Pour les travailleurs tout comme pour la jeunesse qui s’est largement mobilisée.
Les 6 mois de lutte contre la réforme des retraites ont démontré à nouveau que c’est bien la classe ouvrière qui est l’avant garde de l’immense majorité du peuple exploité, qui subit les assauts du capitalisme.
Ce sont bien les travailleurs qui ont mené la lutte contre une réforme meurtrière, désapprouvée par 90% du peuple et menée à coup de 49.3 et autres articles par un gouvernement représentant uniquement et sans compromis les intérêts des monopoles capitalistes.
Une fois de plus nous avons eu la démonstration par la pratique que seul l’exercice du rapport de force collectif est une stratégie valable pour ne serait-ce que s’opposer aux assauts du capitalisme. La grève, la capacité à paralyser l’économie en sont des éléments centraux, tout comme la capacité d’un mouvement à se penser politiquement et à donner du sens à sa propre vie.
La Jeunesse a largement participé à cette lutte. Nombreux sont les camarades qui se tiennent aujourd’hui debout, qui sont présents dans toutes les luttes, pour qui la réforme des retraites a servi d’élément déclencheur, et l’organisation politique de catalyseur.
Ce qui a été confirmé, c’est bien que la jeunesse à un rôle à jouer, un rôle de grande importance, mais qui doit se concevoir aux côtés du reste des travailleurs. Lorsque les étudiants occupent leur université pour protester contre les réquisitions, n’est-ce pas là que leur force est la mieux employée ?
En 2023, nous avons également assisté à la montée en force de la réaction, du processus de fascisation de la société qui est fondamentalement un produit de l’évolution de la crise du capitalisme qui menace chaque jour de nous entraîner vers la guerre généralisée.
La multiplication des violences racistes de la police, culminant avec l’assassinat de Nahel, a provoqué l’explosion de la juste colère de toute une partie de la jeunesse. Nous devons constater que toute une partie des jeunes qui ont exprimé leur colère à ce moment n’étaient pas mobilisés les mois précédents lors de la lutte contre la réforme des retraites.
C’est une insuffisance de notre part, c’est parce que trop de nos organisations ont laissé à l’abandon les quartiers populaires. Ceux qui hurlent avec les loups pour condamner les révoltes oublient rapidement les mots de Marx : “L’émeute, c’est le langage de ceux que l’on écoute pas.”
Le racisme, avec ses origines coloniales, fait partie intégrante de la politique menée par la bourgeoisie, mais également de la division du travail au sein du système économique lui même.
Il ne pourra pas être détruit sans détruire le capitalisme.
Aujourd’hui sous couvert de laïcité, ce sont bien les musulmans, ou prétendus l’être, qui sont ciblés, par toujours plus de mesures répressives, oppressives, arbitraires et humiliantes, comme par exemple le règlement adopté sur les Abaya.
Mais à cela s’ajoutent d’autres mesures comme la droitisation continue des programmes scolaires, le projet de Service National Universel, etc.
C’est bien un projet d’encasernement de la jeunesse qui est avancé par le gouvernement !
Le racisme est un élément fondamental de sa politique, de la fascisation qui est en cours. Le travail gratuit en est un autre.
Tous les projets militaristes l’intègrent aujourd’hui d’une manière ou d’une autre. Le SNU comporte une phase obligatoire de bénévolat, qui, si elle est appliquée à toute une classe d’âge, représentera chaque année 40.000 équivalents temps plein.
Leur engagement pour la patrie, il veut en réalité dire collaboration de classe.
Travailler gratuitement pour produire, combattre et payer le prix pour le profit des impérialistes.
Les apprentis, toujours plus nombreux, sont non seulement sous-payés, sur-exposés aux dangers et à la mort au travail, mais également largement subventionnés par l’Etat qui distribue chaque année plus d’un milliards pour rembourser leurs salaires au patronat.
La réforme du lycée professionnel propose maintenant de salarier les lycéens en stage : 50, 100 ou 200€ la semaine.
Si nous estimons que tout travail mérite salaire, les capitalistes seront plus rapides à nous dire que tout salaire demande un travail. Combien de jeunes lycéens, mineurs, seront donc lancés dans les entreprises, en lieu et place d’embauches à temps plein, à statut, titularisés,... ? Combien de morts supplémentaires pour la jeunesse de notre classe ?
Les morts aussi, ils se sont multipliés à cause de la violence des trafics dans notre ville. A ce sujet nous voulons dire, c’est la jeunesse de notre classe ! Ce sont nos frères et nos sœurs qui meurent pour le compte des patrons de trafics, qui sont presque en tous points identiques au reste des grands patrons, la seule exception étant qu’ils ne jouent pas selon les règles de la légalité bourgeoise.
Georges Dimitrov, lorsqu’il était secrétaire de l’Internationale Communiste, avait défini le fascisme comme “la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires et les plus impérialistes du capital financier”.
Ne devons-nous pas, camarades, reconnaître dans ces mafia l’existence de forces proto-fascistes ? Rappelons nous des expériences en Europe, mais aussi en Amérique Latine, et de comment ces forces ont presque toujours rejoint la réaction anti-ouvrière et anti-communiste la plus extrême.
Mais rappelons nous également que partout où la “guerre contre la drogue” a été mise en place, elle a toujours été une guerre contre le peuple. Ceux qui aujourd’hui versent des larmes de crocodile lorsque la jeunesse de notre classe est assassinée, puis qui en appellent à toujours plus de police, de répression, voire à l’intervention de l’armée servent ces mêmes intérêts réactionnaires.
Nous le savons, la première cause de la criminalité c’est le chômage, la précarité, les bas salaires. Autant de problèmes auxquels la jeunesse est majoritairement confrontée.
Nous sommes à l’heure de France “Travail Obligatoire”, mais aussi de la loi Immigration, qui sont à prendre dans une continuité, dans leur objectif de créer non plus des centaines de milliers, mais des millions de prolétaires qui ne bénéficient pas des droits sociaux issus des luttes de nos aînés.
Cela servira inévitablement à attaquer le SMIC, le droit du travail, les conventions collectives. Mais camarades, nous devons ajouter qu’en ce qui concerne les privés d’emploi, ces mesures sont déjà en application pour les moins de 25 ans. C’est que la jeunesse a toujours servi de laboratoire social, avant l’élargissement à l’ensemble de la classe.
C’est tout cela et bien plus camarades, la situation extrêmement difficile de la jeunesse.
Alors oui, elle a plus que jamais toutes les raisons de se révolter. Notre slogan “Organise ta Colère”, nous donne la perspective de canaliser cette colère, avec discipline, stratégie, et tactique pour vaincre. Pas à sans cesse chercher à la rendre acceptable par le pouvoir, ce qui revient à la rendre inefficace.
La lutte du peuple palestinien pour sa survie et son droit à l’autodétermination est une autre lutte qui a été décriée. Pourtant aujourd’hui, après plus de 30.000 morts à Gaza, une majorité de plus en plus large des peuples travailleurs du monde a pris conscience de toute l’ampleur et la monstruosité du fait colonial à Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem Est et dans tout le reste de la Palestine occupée.
Le droit à la résistance est le droit élémentaire de tous les peuples opprimés, de toutes les classes exploitée du monde. Et en réalité toute colonisation, toute exploitation entraine inévitablement une résistance. Ce fait est aussi vrai, aussi inévitable que toutes les lois de la physique. Aujourd’hui, chez un nombre de plus en plus large de personnes, ce principe a été admis.
Mais il en est un autre que nous devons mentionner camarades, c’est que tout système colonial n’est en capacité de se maintenir sans la collaboration d’une partie même très minoritaire de ceux qui auraient intérêt à le renverser. Et l’un des rôles de la résistance, c’est bien d’identifier cette collaboration, qui n’aime les palestiniens qu’en tant que victimes et qui se précipitent pour condamner leur lutte dès qu’elle menace l’état israélien.
Nous le disons aujourd’hui camarades, non pas dans l’espoir de donner la moindre leçon aux palestiniens, qui font preuve d’un courage extraordinaire face à la barbarie de l’apartheid, du colonialisme et de la guerre génocidaire qui leur est menée par l’Etat sioniste.
Non, si nous le disons c’est au contraire pour chercher à tirer des conclusions sur nos tâches. Si nous voulons être la résistance, organiser la lutte contre nos exploiteurs, contre notre propre impérialisme, le même qui nous exploite et qui soutient le sionisme, alors nous avons également besoin d’identifier qui est cette collaboration, qui n’aime les palestiniens qu’en tant que victimes et qui se précipitent pour condamner leur lutte dès qu’elle menace l’état israélien.
Notre positionnement pour l’autodétermination des peuples est un principe universel, mais pas une salade humanitaire et morale. Nous partageons un ennemi commun. Les mêmes monopoles capitalistes, le même système impérialiste mondial exploite les travailleurs des métropoles, spolie les peuples de la périphérie ou le colonise, et nous entraîne tous progressivement vers la guerre impérialiste généralisée pour le repartage du monde.
Autour de la lutte du peuple palestinien, de nombreuses puissances mondiales et régionales s’agitent, tentent de régler leur comptes et de tirer la couverture à elles. Notre pays, la France, fait partie avec l’OTAN, l’UE et les Etats Unis d’un groupe impérialiste agressif, qui alimente une escalade qui menace la paix mondiale, déjà largement entamée.
Rappelons nous des mots de Biden qui déclarait “Israël et l’Ukraine sont les postes avancés de l’Occident”, démontrant les plans impérialistes à l’œuvre, qui sans notre lutte, nous entraîneront dans une nouvelle boucherie mondiale, plus grande encore que les précédentes, utilisant 70 ans de progrès techniques et industriels du massacre à grande échelle.
Il est urgent de s’opposer à tous ces plans. Pour cela nous affirmons que la seule alternative à la barbarie capitaliste, c’est le socialisme. Il n’y a pas de troisième voie, ni de demi-mesures qui l’empêcheront.
C’est la raison d’être de nos organisations. Mais avons tous conscience de leur insuffisance actuelle. Malgré toutes les luttes magnifiques, parfois héroïques, qui se sont déroulées cette année, nous sommes mis face à la défaite, certes temporaire.
Malgré la vitalité encourageante de toutes les différentes parties de la jeunesse qui sont entrées en lutte, nous devons dire aujourd’hui que le mouvement de jeunesse dans son ensemble est dans un état catastrophique, eu égard des enjeux auxquels nous faisons face.
C’est donc toute l’importance de la reconstruction de l’ensemble de notre camp, et en ce qui nous concerne en particulier du mouvement de la jeunesse, de toute la jeunesse, mais de la jeunesse alliée du mouvement des travailleurs, et non entité séparée.
En tant qu’organisation de jeunesse, c’est bien ce rôle de lien entre toutes les composantes de la jeunesse et la classe ouvrière que nous devons jouer. Nous nous opposerons à ceux qui voudraient flatter la jeunesse, à ceux qui voudraient propager l’idée que ce serait la force centrale de lutte dans notre pays.
Nous ne le ferons pas pour diminuer l’importance de notre lutte en tant que jeunes, qui luttons pour notre présent et pour notre futur. Nous ne le ferons pas non plus en attaquant des camarades honnêtes qui voient simplement dans l’engagement des plus jeunes une assurance que notre mouvement de lutte collectif se renouvelle, vit et se fortifie.
Nous le ferons pour démasquer les démagogues, ceux qui parlent de la jeunesse et des “nouvelles formes de mobilisation” comme un moyen de renier le lutte des classes, comme un moyen de remettre au goût du jour la théorie de la convergence d’intérêts entre les classes, et comme un moyen de détruire les organisations de lutte centrées sur la production pour les remplacer par un travail de l’opinion publique.
Sans s’opposer à une flexibilité des formes d’organisation, d’agitation, nous affirmons le besoin de fermeté sur nos principes fondamentaux, sur ce qui constitue la boussole de nos luttes, c’est à dire fondamentalement notre opposition irréconciliable au système capitaliste, la nécessité du renversement révolutionnaire du pouvoir de la bourgeoisie et la construction d’un monde nouveau débarrassé de l’exploitation de l’homme par l’homme, le socialisme-communisme.
Nous poursuivrons notre action pour prendre notre part dans la nécessaire reconstruction de l’ensemble du mouvement ouvrier, en général, du mouvement de la jeunesse, en particulier.
Car nous ne pouvons pas nous concevoir isolément du reste de notre mouvement, ni même de la société dans son ensemble.
Nous agirons pour la multiplication des luttes immédiates, afin d’organiser la résistance contre le capitalisme. En parallèle, nous mènerons la lutte politique pour combattre les forces réactionnaires et les différentes expressions des intérêts de la bourgeoisie, mais aussi les opportunistes qui au sein même de notre camp nous désarment et nous livrent pieds et poings liés à l’ennemi de classe.
Nous lutterons également du point de vue organisationnel, afin de rebâtir pierre par pierre des structures utiles et efficaces pour nos luttes.
Enfin, nous agirons pour la reconstruction théorique, avec notre boussole qui est le marxisme de l’époque de l’impérialisme, c’est-à-dire le léninisme.
Nous commémorons cette année les 100 ans de la mort de Lénine. Son leg, c’est une théorie qui prouve encore aujourd’hui toute son actualité et sa pertinence pour donner une direction à nos luttes.
En particulier, l’impérialisme, son analyse et sa compréhension non pas comme une politique, mais comme un système économique, sont aujourd’hui un enjeu fondamental, un objet de discussions intenses au sein du mouvement communiste et ouvrier.
La Jeunesse Communiste est claire dans ses positions, dénonce et s’oppose en premier lieu à son propre impérialisme, français, et à ses alliés européens, atlantistes et nord américains.
Mais cela ne l’empêche pas d’analyser la montée en puissance d’autres pays impérialistes partageant des intérêts communs, avec la République Populaire de Chine en tête.
Camarades,
Il y aurait de nombreux sujets à évoquer, mais nous avons le reste de l’année pour cela.
En particulier, cette année se tiendra le prochain congrès de la Jeunesse Communiste des Bouches du Rhône.
5 ans après notre rupture avec le Parti Communiste Français qui a été une rupture entre deux lignes politiques, survenue le lendemain du congrès, nous pouvons regarder vers le futur, avec la confiance envers la nouvelle génération qui va reprendre en main l’organisation et les luttes de la jeunesse, et pour une partie d’entre nous, avec un sens de notre responsabilité à prendre maintenant place aux côtés de nos aînés dans la lutte de tous les travailleurs.
Vive la lutte, vive le socialisme, et ensemble nous vaincrons ! »
2024 Jeunesse Communiste des Bouches-du-Rhône Vœux Marseille jeunesse