STOP À LA CENSURE DES VOIX PALESTINIENNES ET LIBANAISES !

En réaction à la censure politique orchestrée par la préfecture de la conférence sur la résistance palestinienne de samedi dernier, nous publions l'appel commun à s'organiser et lutter contre la répression qui s'attaque au mouvement de solidarité avec la Palestine, en particulier ses composantes dénonçant l'impérialisme et apportant son soutien à la résistance palestinienne. La réunion inter-orga aura lieu le jeudi 20 mars à 18h30 au 26 rue d'Isoard à Marseille.

Nous, organisations à l’initiative de la conférence La Résistance en Palestine et au Liban aujourd’hui, dénonçons l’interdiction de la conférence prise hier.

Un arrêté d’interdiction a été publié par la préfecture 2 heures avant la conférence, l’interdisant de façon absolue, à l’aide d’un argumentaire fallacieux suivant les narratifs pro-sionistes et dans des délais bafouant toute possibilité de recours.

Cet événement serait, selon cet arrêté, « un risque de troubles à l’ordre public, un risque de potentielles atteintes à la dignité humaine ».

Contrairement aux accusations diffamatoires consignées par la préfecture, Salah Hamouri a passé dix années dans les prisons de l’occupant, dont trois en détention administrative, sans charge ni jugement. La seule fois où il a été condamné, ce fut par un tribunal militaire, à l’issue d’un simulacre de procès, au cours duquel aucun témoin ne s’est présenté. Son avocate avait plaidé coupable dans le cadre d’un marchandage judiciaire : 14 ans de prison s’il plaidait non coupable, 7 ans s’il plaidait coupable.

Ce plaidoyer ne constitue en aucun cas une reconnaissance des faits. Bien au contraire, Salah Hamouri a toujours nié les accusations portées contre lui. S’il a été détenu dix ans, puis expulsé définitivement de son pays, c’est en raison de son rôle de défenseur des droits humains au sein de l’ONG Addameer.

Les autorités françaises, y compris le Président de la République, s’étaient alors mobilisées pour obtenir sa libération. De quel droit la préfecture reprend-elle aujourd’hui les accusations formulées par une puissance coloniale ?

Nous rappelons également que Soha Bechara a été libérée après dix ans de détention sans procès dans ce que l’on appelait le "Guantanamo du Moyen-Orient", la prison illégale de Khiam. Sa libération est intervenue à la suite d’une vaste campagne internationale, à laquelle l’État français a même fini par participer, accueillant Soha à sa sortie comme une résistante ayant combattu l’occupation de son pays. Elle a même bénéficié d’une bourse spéciale de l’État français pour poursuivre ses études après sa libération !

L’hypocrisie est manifeste : ces accusations s’inscrivent dans la droite ligne des messages ayant circulé sur les réseaux sociaux, notamment ceux liés au Crif Aix-Marseille, accusant cette conférence d’« héberger des terroristes antisémites ayant tenté d’assassiner des Juifs ».

Non seulement cette affirmation est une fabrication grossière et mensongère, mais elle s’inscrit également dans une stratégie de propagande bien connue, visant à inverser les rôles entre les dominants et les dominés, les résistants et les occupants, pour faire des peuples palestinien et libanais les coupables de leur propre oppression.

Une fois de plus, un prétendu antisémitisme du mouvement anti-sioniste et anti-impérialiste sert d’argument pour justifier la répression.

Un tag “Marseille antisioniste” est mentionné, suivant la ligne politique officielle de l’entité sioniste qui veut que le judaïsme et cette dernière soient une seule et même chose, privant ainsi les juifs antisionistes de reconnaissance et créant les conditions pour le développement réel de l’antisémitisme, en faisant porter sur le dos de tous les juifs les crimes génocidaires du sionisme en Palestine, au Liban, en Syrie et ailleurs.

Faut-il rappeler que ce ne sont pas nos rangs qui multiplient les condamnés pour négationnisme et apologie de la haine raciale, mais bien ceux de l’extrême droite ? La même qui gagne, dans la période actuelle, sa reconnaissance auprès des cercles du pouvoir et sa réhabilitation médiatique.

L’arrêté prend appui sur des conférences tenues dans d’autres villes, ayant été attaquées par le mouvement sioniste, pour déclarer que ce sont les organisateurs qui créent un danger pour l’ordre public.

Nous ne sommes pas dupes du partage des rôles qui s’effectue entre ceux qui cherchent à déstabiliser les actions et conférences et l’administration qui se sert par la suite de ces actes pour agir contre les victimes.

Salah Hamouri est par ailleurs intervenu à plusieurs reprises lors de conférences publiques à Marseille ces dernières années, sans que cela ne crée le moindre “trouble”.

Récemment, une conférence portant un thème similaire à celle-ci s’est tenue à Paris, réunissant Salah Hamouri et Soha Bechara ensemble, sans que cela ne suscite ni trouble, ni interdiction.

Les seuls troubles survenus pendant des conférences sont le fait de défenseurs d’Israël. La préfecture elle-même cite la tentative d’agression contre M. Hamouri. Ce sont donc ces fauteurs de troubles qui doivent être sanctionnés, et non la parole de M. Hamouri.

Les motifs assumés de cette interdiction ne tiennent pas, car les motivations réelles sont politiques !

Nous faisons face à une alliance entre le Crif, représentant les intérêts de l’entité sioniste, et l’État, pour faire taire le mouvement de solidarité avec la Palestine et promouvoir la coopération diplomatique, économique et militaire entre la France et l’État colon. Il n’est donc pas surprenant d’être ciblés ce samedi et d’observer en parallèle le Crif Aix-Marseille disposer des locaux du département dimanche dernier pour inviter notamment un ancien membre des renseignements de l’entité sioniste, en toute tranquillité et sous la protection de la police, avec le financement des impôts des travailleurs et sous le patronage des dirigeants locaux de l’État !

Aujourd’hui ce n’est pas seulement cette conférence, mais bien l’ensemble du mouvement de solidarité avec la Palestine qui est visé. Nous sommes bel et bien face à une opération visant à mettre un terme au mouvement de solidarité qui a pris de l’ampleur depuis le 7 octobre 2023.

C’est bien dans ce contexte que le Collectif Palestine Vaincra de Toulouse a été dissous, Georges Ibrahim Abdallah n’a pas été libéré et le parquet s’est pourvu en cassation, la censure s’abat sur Rima Hassan, l’acharnement se poursuit contre Jean-Paul Delescaut, Timothée Esprit a été pris pour cible, de nombreux militants pro-palestiniens sont visés par la répression.

Les attaques se multiplient avec l’objectif de détruire notre identité politique, celle de la résistance face à l’impérialisme, et de placer notre mouvement sous la direction politique de l’État impérialiste.

Mais notre mouvement est l’expression d’une solidarité fondamentale, plus forte que les petites manœuvres administratives de la préfecture, et va se mettre en position pour réagir et confronter la répression.

Nous sommes, en définitive, tous concernés, tous menacés, tous attaqués.

Réunion unitaire le jeudi 20 mars à 18h30

Nous prenons l’initiative de convoquer une réunion unitaire le jeudi 20 mars à 18h30 au 26 rue d’Isoard à Marseille et d’y inviter toutes les organisations se sentant concernées par la solidarité avec la résistance du peuple palestinien, afin de réfléchir ensemble aux prochaines actions à entreprendre.

Faisons bloc face à la répression d’État
Soutenir la Palestine n'est pas un crime, unissons-nous contre la répression !
Palestine vivra, Palestine vaincra !

Signataires :

- Solidarité Liban
- Union pour la reconstruction communiste URC (ex ANC)
- Urgence Palestine Marseille UPM
- Collectif pour le Liban CPL
- Jeunes communistes des Bouches-du-Rhône JC13
- Ligne Rouge LR
- Association France Palestine Solidarité
- Palestine 13 AFPS
- Palestine 13
- Marseille Gaza Palestine MAGPAL
- Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah- Section Marseille CULGIA 13
- Secours Rouge Marseille
- Front uni des Immigrations et des quartiers populaire FUIQP
- Mouvement national Lycéen MNL
- Nouveau parti Anticapitaliste NPA
- Union Juive Française pour la Paix UJFP

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