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Le bloc LR-RN aux portes du pouvoir : faire front contre front !

Les élections du 30 juin ont mis sans surprise l'extrême droite en tête, devançant de cinq points le Nouveau Front populaire, coalition express de forces disparates allant de la gauche dite radicale du NPA au centre droit de Hollande et Aurélien Rousseau.

La campagne du premier tour a été marquée par une forte mobilisation de la jeunesse dans la rue et ce malgré un contexte peu propice à sa mobilisation (épreuves du bac, vacances universitaires ou rattrapage…). Beaucoup de ces jeunes (près de la moitié des 18-24 ans s’étant déplacés aux urnes) ont utilisé le bulletin NFP pour espérer battre l'extrême droite et exprimer leurs revendications, le rejet du régime Macron.

 

A nouveau, malgré une participation électorale accrue par rapport à 2022 pour des élections législatives, l’abstention reste le principal parti des travailleurs : 33,29% d’abstention qui monte jusqu’à 46% des ouvriers et 42% des employés. A ce taux de l’abstention, on peut rajouter tous les travailleurs qui vivent et produisent des richesses en France et qui n’ont pas le droit de vote, régularisés ou non, qui représentent le plus souvent les franges les plus précarisées de la classe ouvrière.

 

En revanche, bien qu’à relativiser avec l’abstention, le vote populaire parmi les votants a globalement été en faveur du RN : 40% des employés et 57% des ouvriers ont voté RN dès le premier tour. Les trahisons successives de la gauche, la désertification syndicale, la division permanente des travailleurs et leur mise en concurrence… sont autant d'éléments d'explications de ce résultat.

 

7 ans de politiques violemment anti-sociales, de répression généralisée, de discours racistes, de militarisation de la société et d'arbitraire policier jusque dans notre vie quotidienne... ont conduit à une haine de classe de la majorité présidentielle.

 

Un argument souvent avancé serait que le RN serait favorable au retour à la retraite à 62 ans voire à 60 ans. En réalité il s'agit simplement d'élargir des dispositifs de pré-retraite qui existent déjà pour les carrières longues, cela ne concernerait que 40 000 personnes. La CGT revendique au contraire la retraite à 60 ans pour toutes et tous, avec 37 annuités et demi, la retraite à 55 ans pour les métiers pénibles.

 

Concernant la retraite à 62 ans, Bardella a d'ores et déjà enterré cette promesse en prétendant que les “caisses sont vides”.

 

Avec lui, les caisses ne risquent pas de se remplir car le RN, tout comme avant lui le FN, est favorable à la suppression des cotisations sociales, c'est-à-dire de notre salaire socialisé. En pratique, cela ouvre la voie à la casse généralisée de la Sécu, des retraites et de l'assurance-chômage.

 

Le RN c'est aussi la préférence nationale, c'est à dire l'instauration d'un apartheid social vis à vis des travailleurs étrangers, en leur interdisant l'accès au logement, à l'emploi, aux aides sociales voire à la santé. Il veut notamment supprimer l'aide médicale d'État, prétendant ainsi refinancer les caisses de sécurité sociale. Or d'une part l’AME représente moins d’un milliard d'euros mais de plus les conséquences seraient catastrophiques : ce sont des milliers de travailleurs du bâtiment, de la restauration, du nettoyage, de l'agriculture…qui n’auront plus accès aux soins les plus élémentaires. La conséquence sera une surmortalité des travailleurs sans papiers et la diffusion des maladies non soignées dans la population.

 

Le RN veut réserver les logements sociaux aux Français. En pratique cela veut dire près de 1 million de prolétaires privés de logement social ! Idem dans les cités U où le RN veut expulser les étudiants étrangers.

 

Ce sont des attaques sans précédent contre les droits fondamentaux d'une partie du prolétariat.

 

La justification ? Résorber le chômage, qui serait due aux immigrés. La réalité est que le chômage est provoqué par le patronat, qui délocalise, licencie et précarise.

 

La "préférence nationale" ne résoudra aucun problème pour les travailleurs français, au contraire. Elle permet au patronat de disposer d'une armée de réserve de travailleurs privés de droits, livrés à la misère et à la répression policière, contraints d'accepter les pires salaires et conditions de travail, tirant l'ensemble des droits des travailleurs vers le bas. Elle permet d'inscrire juridiquement dans la Constitution un fait déjà existant : la division des travailleurs en fonction de leur nationalité, brisant ainsi l'unité de la classe ouvrière.

 

Le RN c'est aussi l'inversion de la hiérarchie des normes, c'est-à-dire la fin de la primauté du Code du Travail sur les accords de branche et d'entreprise. En cela le RN se place dans la droite ligne de Hollande et Macron.

 

Aussi il est compréhensible que nombreux sont ceux qui estiment que la priorité numéro une soit d'empêcher une majorité absolue pour le RN. Ainsi de nombreux candidats NFP se sont désistés y compris face à des candidats ultra réactionnaires comme Darmanin. C'est oublier que le bloc macroniste a jeté le masque : sur bien des points rien ne le distingue du RN. Darmanin ne trouve-t-il pas Le Pen “trop molle” vis-à-vis des musulmans ? Le RN n'a-t-il pas voté avec Ensemble la suppression du droit du sol à Mayotte ? On pourrait multiplier les exemples de ce type.

 

Sur l’internationale, le RN reflète des intérêts bourgeois plus agressifs dans la main mise des matières premières en Afrique cherchant à intensifier les conflits avec la Russie et la Chine. Plus globalement, l’impérialisme français, certes déclinant, ne se laissera pas faire aisément dans sa chute et usera de tous les moyens à sa disposition pour préserver les intérêts de ses monopoles que ce soit en Afrique, en Ukraine, dans le Moyen-Orient par son soutien à l’Etat israélien génocidaire et partout dans le monde. Attendons-nous que des politiques pro-guerres, de réarmement, d’envois de troupes françaises à l’étranger soient défendues non seulement par le RN, mais aussi par les autres partis bourgeois et probablement le NFP : dans son programme, il défend aussi l’envoi d’armes en Ukraine, se positionnant du côté de l’OTAN et l’UE dans la guerre impérialiste contre la Russie. Sur ce point, il existe un consensus entre tous les partis dans la marche vers la guerre.

 

Que ce soit Attal ou Bardella, les capitalistes auront un gouvernement à leur convenance, avec un mandat clair : liquider l'ensemble des protections collectives et libertés démocratiques que la classe ouvrière a conquise de haute lutte. Pour ce faire, Macron et Le Pen comptent sur la passivité du prolétariat et de la jeunesse. La farce du "front républicain" y sert de couverture.

 

En cas d'échec du RN à former une majorité, le président devra composer avec les autres forces politiques. On comprend dès lors que l'appel au front républicain risque fort de se transformer en coalition après les législatives. L'alliance de la gauche réformiste et institutionnelle, qui a été poussée par la base et dont le programme reprend de nombreuses revendications des principaux mouvements sociaux des dernières années ; risquerait alors de devenir un recyclage du macronisme. Cette trahison entièrement prévisible notamment du PS et potentiellement de EELV entraînerait une décrédibilisation totale de la gauche politique et syndicale, et présenterait plus que jamais le RN comme la seule force d'opposition. Son triomphe en 2027 serait dès lors assuré.

 

Cette perspective doit autant nous inquiéter que la victoire du RN au scrutin du 7 juillet. Aussi face au front réactionnaire doit se former un véritable front populaire, qui irait au-delà d'un cartel électoral, insuffisant pour refouler la vague fasciste.

 

Si une victoire électorale de l’Union de la gauche n'est pas impossible et peut ralentir à court terme la fascisation, nous ne nous faisons aucune illusion sur son avenir en l'absence d'une forte mobilisation ouvrière et populaire, une confrontation de classe contre la bourgeoisie, c'est à dire les industriels, banquiers et hauts fonctionnaires qui dirigent le pays.

 

Nous appelons la jeunesse déjà mobilisée à ne pas lâcher la garde, à continuer le travail de mobilisation, de conscientisation et d'organisation. Ne tombons pas dans le piège du “front républicain”. Pour beaucoup de jeunes et de travailleurs, le programme du Nouveau Front populaire représente un espoir, malgré ses limites. Faisons vivre cet espoir par nos luttes !

 

Ne cédons rien aux réactionnaires et aux fascistes !

Formons le Front de la jeunesse populaire et des travailleurs !

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